"À chaque fois que je rencontrais Janke Fakhane, j’étais rebutée par l’odeur qui émanait de ses aisselles. Cette odeur caractéristique des individus qui ont une hygiène douteuse. Oui cette odeur putride, comme un mélange d’ails et d’oignons, qui émanait du dessous de ses bras. A chaque fois, je me suis dit que ce n’était pas possible quand même ! Un intellectuel aussi “prestigieux” qui sentait aussi mauvais de la sorte ? Dans des conférences publiques en plus ? Surtout en tant que sauveur autoproclamé des africains et acteur auto-désigné de la réhabilitation et de la décolonisation africaine. Investir le déodorant avant de prétendre décoloniser la pensée. Le respect commence par soi-même.
Le juge était pantois. Cette plainte pour diffamation et injures, cette procédure financée par le contribuable français, avait ouvert une boîte aux pandores. L'affaire s’est transformée en révélation d’une réalité jusqu’ici taboue. L'accusée lui avait fait savoir qu'en fait elle remerciait Janke Fakhane d'avoir porté plainte. C'était une occasion en or. La salle était bondée. Journalistes, intellectuels français et africains, étudiants et doctorants. Il y’a même une universitaire suisse qui a fait le déplacement. L'audience dépasse le cadre de la restitution des oeuvres d'art et l'usurpation en réalité. Ce procès est une métaphore. L'accusée est en train de dénoncer une injustice et de faire de graves révélations, avec des noms et des dates.
L’accusée, frêle mais tranchante et déterminée, a demandé elle-même à lire son plaidoyer de défense. Son avocate a regagné son banc. Les noms de tous ceux à qui elle rend leur responsabilité défilent. Les récits s’enchaînent. Les preuves et recoupement aussi.
C’était un secret de polichinelle que Janke Fakhane, ce sombre individu, mentalement surdéveloppé, en plus d’être un grand plagiaire et un imposteur, était un mystique sérère initié, adepte de pratiques occultes et de voyages astraux. Voyager dans le “cosmos”, c’est son dada. Du coup, oui, il fait peur car il a de puissantes capacités subtiles pour accéder aux rêves, mais aussi aux pensées et à l’âme d’autrui. En lisant ses écrits et ses interviews, on comprend aisément que c’est un chamane qui est relié aux redoutables esprits des eaux. Ses rêves surgissent du fond des eaux.
Avec le souffle qui pénétra violemment dans mon vagin, dans mon sommeil, sans que je n’aie aucun moyen de me défendre et sans qu'aucune assistance ne puisse m’être apportée, une partie de ma vie prit fin.
Je vais tout raconter, tout décrire, tout dire. Ce que je vais véritablement faire c’est relater les faits et tout ce qui m’a été dit par des individus qui aujourd’hui ont lâchement gardé le silence. Je ne voulais pas en arriver là. Mais je n'ai pas le choix.
Cela fait des années que je suis la récipiendaire de confidences et d’informations de ses pairs africains, “d’amis”, d’anciens amis redevenus aujourd’hui “amis” et donc soudain devenus silencieux, complaisants, envoûtés. Dans les dîners en ville et autres cafés en terrasse, au téléphone, beaucoup de choses m’ont été dites. Sur son emprise, ses pratiques, son manque d’éthique, sur sa famille, sur sa vie, comme si j’étais destinée à recevoir toutes ces précieuses informations et anecdotes.
Depuis que Janke a été publiquement démasqué par email, à la suite de quoi il est resté protégé par un système sous son emprise et à qui il a fait croire que j’étais une “amoureuse éconduite en colère” (une folledingue), on assiste à un extraordinaire nettoyage de ses faits passés, par lui-même: invitations orchestrées à des évènements, fausses conférences universitaires, réconciliations, portraits élogieux, mise en place de tables rondes aux thèmes bien choisis: écrire le monde à partir du continent africain ! féminisme décolonial ! démocratie ! puiser dans la puissance des femmes ! et autres thèmes nazes et ennuyeux qui maintiennent les Africains, les femmes africaines et les jeunes africains dans un état de victimes que l’on doit sauver. Je note tout et je dirai tout. Je montrerai tout. C’est toujours la même histoire. Du collège de France à Dakar, à Yaoundé, en passant par les US. Une terrible omerta règne dans ce milieu qui vit essentiellement de per diem, avec partage de billets d’avion, d’invitations aux conférences aux thèmes bien choisis. “Je te tiens tu me tiens par la barbichette”.
En refaisant le film, en faisant des recoupements avec son histoire familiale et des faits qui m’ont été racontés par ses propres “amis”, en étudiant intensément la psychologie humaine, je compris qu’on avait affaire à un triste mais dangereux individu appartenant à la triade noire (dark triad), un pervers narcissique caché (covert narcissist) qui vit de l’énergie des autres, par vase communicants. Silent treatment. Gasligting. Le PN aussi protégé par ses singes volants (terme psychologique non raciste, - “flying monkeys”) et ses nourrices, sa "famille", prêts à tout (smear campaign) pour protéger leur PN. Je sais ce qui m'attend. Je suis prête.
Des amis à lui me parlaient, sous son contrôle, d’un lien de “flammes jumelles”, “d’âmes jumelles”, et d’autres conneries ésotériques qui ne sont rien d’autre que des dynamiques relationnelles et vampiriques entre un pervers narcissique et un empathe.
Après des années de détestation, de rancune et de mépris, je fus soudain assiégée dans mes rêves par cet individu. Je ne suis pas dingo. Je me revois lui envoyer un message en pleine nuit, ivre, lui disant putain s’il y’a un quelconque lien tu me dis, j’ai pris un ticket ! God… Je suis tombée deux fois. Aujourd’hui, je dois passer la porte de la vulnérabilité pour récupérer ce qui m'a été pris et aussi dénoncer un système patriarcal, mysogine et lâche, et remercier les exceptions.
Le juge demanda une suspension d’audience. Il faisait très chaud dans la salle. La climatisation ne fonctionnait pas. Le greffier en profita pour demander qu’on installe des ventilateurs un peu partout entre les rangs."
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