Désir de dire. Chapitre 1: Du réveil à la radicalisation. Sortie d'emprise et renaissance.
L'Observatoire
"Annie, use your telescope"*
Dans les sections ci-dessous, découvrez:
*Jack's Mannequin, The Glass Passenger, 2008
Les données de l'étude La Vie et le Temps et les Motifs d'Inquiétude à Mboro
Il y’a plusieurs raisons de s’inquiéter à Mboro, malgré sa richesse minière, sa production agricole abondante, sa proximité avec l’Océan Atlantique. Mais les Motifs d'Inquiétude ne sont pas établis pour mettre en place des "séances de lamentations": ils sont là pour éclairer de formidables avenues aux opportunités et à la créativité organique et consciente.
Mboro subit de plein fouet ce qui est appelé en économie du développement la malédiction des ressources naturelles. Elle est une fractale de l’Afrique et de ses villes rurales et secondaires : pleine de paradoxes et à l’asphyxie, dans tous les sens du terme.
Les problèmes sont connus et la liste est kilométrique : la pauvreté, le dépérissement urbain, l’asymétrie d’informations qui brouillent toute possibilité d’alternatives, la dégradation environnementale et la pollution due aux activités extractives, le mal-emploi, l’absence d’établissements publics de santé et d’hôpitaux, les délestages intempestifs et l’accès à une électricité durable et propre, les défaillances de l’approvisionnement en eau, la mauvaise gestion intégrée des ressources en eau et la contamination de la nappe phréatique par l’agriculture et les activités des Industries Chimiques du Sénégal.
L’impact de ces difficultés structurelles sur les plus vulnérables, les femmes, les élèves, et les malades est notoire (traité dans les analyses sectorielles au sein de l'Observatoire).
Les données parlent et crient
Manque d'infrastructures et de services de base
L’étude La Vie et le Temps à Mboro et environs a révélé que plus de la moitié de la population, 58 %, n’ont pas un accès durable aux infrastructures et services de base, comme l’eau et l’électricité, et la santé. Cela doit cesser, car celles-ci sont vitales pour le bien-être, la protection sociale, et la bonne marche du quotidien, des commerces, et des entreprises familiales.
Inquiétudes autour de la santé et du bien-être, pour soi et pour ses proches
De plus, La Vie et le Temps à Mboro a révélé un autre chiffre terrifiant. Les mborois ont vraiment peur pour leur santé et celle de leurs proches, à cause de la pollution de l’air causée par la proximité des entreprises extractives et chimiques. En effet, 94 % de la population déclare avoir peur pour sa santé. La pollution de l’air cause des maladies et la mort prématurée. Nous pouvions aussi inclure la pollution de l’air causée par le transport urbain et les véhicules. Elle est tout aussi réelle et appelle des mesures en termes de réglementation, d'âge des voitures, de carburants, etc. Ce sera le cas à l’avenir.
Sur le départ ?
À la fois bénie et maudite par la mer, Mboro et ses voisins sont, tristement, un point de départ pour des migrants clandestins voulant atteindre l’Europe en pirogue.
L’étude a révélé que seul un peu plus de la moitié de la population, 56 %, souhaitent rester à Mboro.
Cette trouvaille a été longuement discutée avec la population et le maire lors de l’évènement au lycée de Mboro. Comment mettre en place des politiques afin que la population et la jeunesse aient des Raisons de Rester ? Nous en discuterons dans la capsule de co-création.
Asphyxie urbaine, augmentation de la population, et manque de soutien
La population de Mboro est passée de près de 8 500 habitants en 1988 à environs 50 000 habitants en 2023. Cette augmentation de la population doit aller de pair avec le développement urbain, l’érection de nouveaux quartiers, l’expansion du réseau électrique et hydraulique, le développement des transports. Pour faire face à cette croissance, il est primordial de considérablement développer les infrastructures et les services de base. Cela nécessite des investissements massifs, au-delà du budget municipal.
L’étude La Vie et le Temps à Mboro et environs met en lumière le sentiment général sur le niveau de soutien de leur mairie et les actions pour la population. En effet, 86 % estiment que leur mairie n’en fait pas assez.
La décentralisation: à double tranchant
La décentralisation peut être un couteau à double tranchant. La question générale est la suivante : comment bien travailler et s’occuper de sa ville quand on n’en a pas les moyens ?
Les autorités locales dépendent principalement des impôts locaux et transferts budgétaires de l’État, qui sont souvent insuffisants et utilisés pour financer les activités administratives courantes. À cela s’ajoute le redécoupage urbain et administratif inégal survenu dans le cadre de l’Acte 3 de la décentralisation, qui confine Mboro, depuis 2013 dans un petit lopin de terre. Ce redécoupage a transféré des zones et quartiers à la commune de Darou Khoudoss, ce qui lui prive de recettes fiscales non négligeables. Espérons qu’un prochain redécoupage administratif dans la zone des Niayes corrigera cette distorsion.
En conclusion
Les sérieuses contraintes budgétaires, la navigation à vue, la confusion administrative et frontalière (notamment avec Darou Khoudoss), le flou autour des besoins fondamentaux et infrastructures de base, le manque de données, et l’asymétrie d’informations forment de sérieuses raisons de s’inquiéter.
La rubrique Motifs d’Inquiétude (MI) - ci-dessous 👇🏾 - est alimentée régulièrement par des études et des recommandations scientifiques, des projets, des histoires et récits sur les raisons de s’inquiéter dans toutes les dimensions de la vie et les secteurs de l’économie.
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