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Mboro, fractale et ville-métaphore du monde

Le Maire de Mboro, M. Abdallah Tall, intervenant au Club Sahel et Afrique de l'Ouest (SWAC) à l'OCDE

Le maire de Mboro, M. Abdallah Tall, est intervenu en 2022 lors d’une réunion stratégique au Club Sahel et Afrique de l’Ouest SWAC-OCDE. Durant cette intervention rendue possible par Fatoumata Sissi Ngom, M. le Maire Tall a pu évoquer le potentiel énergétique et économique de sa ville, et a aussi déploré les grands défis, notamment la dégradation environnementale liée aux industries extractives, le manque d'infrastructures, l'urbanisme et la mobilisation de financements extérieurs.

 

Pour saisir le visage économique de Mboro et sa nature métaphorique, il faut comprendre son histoire, intimement liée à celles des ICS, du temps des explorateurs jusqu’à nos jours.

 

Dans la section suivante, vous en apprendrez plus sur la fabuleuse histoire de Mboro et ses multiples facettes. 

 

  • Fruit d’une rencontre d’un nouveau type et ancienne station coloniale française

  • Révolution industrielle et apparition d’inégalités

  • Grenier agricole, important gisement minier

  • Métaphore et fractale de l’histoire du monde

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Le film d'un nouveau genre. Mboro: Colonisation française, chemin de fer Dakar - Saint-Louis, les légumes, les pirogues, et les mines

Mboro - un voyage dans le temps

Au temps des explorateurs, chemin de fer Dakar Saint-Louis, excavation et station agricole

Bien qu’existant depuis le 15eme siècle, Mboro a été découverte en 1862 par l’administration coloniale française qui a vu en la ville un extraordinaire potentiel en matière d’agriculture et de cultures maraîchères. La même année, la Mission d’Aménagement du Sénégal a conduit des études qui ont établi la richesse et la fertilité de son sol. Une station agricole est créée, dont la production était principalement destinée à la métropole française. En parallèle de cela, en 1880, H. Hubert, un géologue français en charge de la construction du chemin de fer qui reliait Dakar à Saint-Louis, découvrit qu’il y avait un trésor dans le sous-sol de Mboro de l’époque, plus précisément à Taïba : du phosphate de chaux et de l’anhydride phosphorique. Cependant, le secret fut bien gardé, et ne fut divulgué qu’après la Première Guerre mondiale. En 1937, le successeur de M. Hubert, M. Seyer, cherche activement, en France, une entreprise qui pourrait être intéressée par l’exploitation du sous-sol de Mboro. Durant la Seconde Guerre mondiale, la compagnie Pechiney conduit une mission géologique partant d’Oran à Dakar via le Sahara. En 1949, la présence d’un gisement de phosphate à Taïba est confirmée par le Bureau minier de la France d’outre-mer, BUMIFON. En 1953, la première excavation est effectuée, et la Compagnie sénégalaise des Phosphates de Taïba (CSPT), les « Mines », est créée officiellement en 1957. En 1960, le tout premier contenaire de phosphates fut envoyé, au Japon. Les années 1980 sont déterminantes: Les Industries chimiques du Sénégal (ICS) sont créées en 1984 pour la production d’acide phosphorique.

Révolution industrielle et agricole, et ses conséquences

Cette révolution industrielle et agricole qui a eu lieu à Mboro a eu d’énormes conséquences qui ont transformé le visage de cette petite ville. Pour répondre au besoin de main d’œuvre pour la production agricole et l’exploitation minière, des mesures incitatives de peuplement de la ville furent mises en place. En plus de l’érection des premiers quartiers populaires (Lassere, Diamaguène, HLM, etc.), un grand quartier privé et huppé peuplé par des cadres et ingénieurs français, européens, sénégalais et africains travaillant aux ICS est créé : les Cités ICS-Mbaye-Mbaye. Il y’a eu ainsi à Mboro une révolution industrielle. Une révolution industrielle apportée par des Occidentaux, avec ses effets sur la poussée démographique, la croissance économique, l’apparition de distorsions et d’inégalités. En 1996, la Chimie et les Mines fusionnent et prennent le nom commun de ICS. En 1999, le projet de doublement de la production et de la capacité est lancé. Ce projet de doublement se concrétise en 2001, puis les recapitalisations commencent, avec IFFCO en 2008, et Indorama en 2014. L’État sénégalais bien qu’actionnaire minoritaire aujourd’hui, a joué un role déterminant dans la trajectoire des ICS. Les ICS ont une concession minière sur une étendue de 300 km2 autour de Mboro, y compris à Tobène, Keur Mor Fall, Ndomor, et un permis pour faire de la prospection et de l’exploration à Gossas. Un train relie le site des Mines au port de Dakar pour le transport de l’acide et du sulfure. Les ICS produisent aussi des fertilisants dans son usine située à Mbao, Dakar, contribuant ainsi à la prospérité agricole du Sénégal, de l’Afrique et du monde.

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