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Choix d’âme

On dit qu’il y’a toujours une raison pour qu’une âme choisisse de s’incarner d’abord en un lieu donné durant sa vie sur terre. Le royaume d’enfance contiendrait toutes les réponses. Aujourd’hui, en faisant une rétrospective, tout prend son sens.

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Tout part d’une inspiration

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C’est sur les bancs de Sciences Po que l’idée de la Proposition nommée Désir m’est venue. Nous étions en 2017. Ce jour-là, le cours portait sur la politisation et la dépolitisation. Il traitait également du cycle des politiques publiques et des lois - de l’agenda setting, à la définition et l’adoption de politiques et de lois, à leurs évaluations, etc.

 

L’idée de politiser puis dépolitiser le sujet de la restitution des œuvres d’art en partant du lycée de Mboro et en impliquant les élèves germa dans mon esprit. Mon premier roman Le silence du totem, dont l’histoire se déroule au Musée du Quai Branly, à Khalambass (mon village paternel), à l’UNESCO et une entité fictionnalisée de l’ICOM allait bientôt être publié.

Je commençais à appliquer cette idée lors d’un cours de communication politique et d’écriture de discours politique. J’écrivis durant un semestre un discours engagé à l’UNESCO où je réclamais un retour organisé des oeuvres d’art africain spoliées, comme le fit Amadou Mahtar Mbow en 1978. A la fin de l'année, j'ai prononcé ce discours dans l’amphithéâtre Simone Veil. 

 

Petit à petit une arborescence se mit en marche dans mon cerveau. L’idée devait être étendue à la dégradation environnementale et l’économie locale de Mboro, en plus de la culture et des questions de patrimoine.

Mboro, ce royaume d'enfance

J’ai vécu à Mboro de la maternelle jusqu’au baccalauréat. J’avais 3 ans quand ma famille est venue s’installer à la Cité ICS Mbaye-Mbaye. Avant cela, nous avons vécu à Lyndiane, sur les rives du fleuve Saloum dans la région de Kaolack, où mes parents travaillaient à la SONACOS, la première société agroalimentaire du Sénégal. 

Je suis ce qu’on peut appeler une fille des Industries Chimiques du Sénégal (ICS). Mon père a dirigé les deux sites Acide et Mines pendant presque toute sa carrière. Ma mère, chimiste de formation, y travaille toujours.

 

J’ai été majorette des ICS pendant ses cérémonies officielles, sous la direction affectueuse de tonton Fall “Appro". J’ai appris à nager à 7 ans à la piscine de Mbaye-Mbaye avec mon regretté tonton Tazou. Tous les 4 décembre, j’ai fêté la Sainte-Barbe, sainte patronne des Mines. J’ai noué des amitiés de plus de 30 ans. Sans oublier les colonies de vacances, merveilleux moments de liberté et d’insouciance, pour les jeunes filles et jeunes garçons en fleur que nous étions.

Mboro c’est les premiers amours, une belle période hip-hop, d’inoubliables années au lycée Taïba ICS et des liens avec des camarades et professeurs qui perdurent toujours aujourd’hui. Mboro, c'est aussi mes débuts d'écrivaine, lorsque j'entrepris d'écrire mon tout premier livre sur Aliou Cissé, alors joueur dans l'équipe nationale. Je l'avais rencontré au Club de notre cité. Il était invité par la Direction des ICS. Cette rencontre et mon admiration pour Aliou Cissé, les lettres que je lui écrivais, méritent une histoire à part entière.

Mon regretté petit-frère Mohamed, qui a quitté ce monde à l’âge de 3 ans, repose en paix à Mboro.

De Mboro à Paris

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J’ai quitté Mboro en 2004 après mon baccalauréat, pour mes études supérieures à Paris. Mon lien avec les ICS a continué à grandir, lors de leurs Conseils d’Administration. Je retrouvais mon père à l’hôtel Méridien Étoile, Porte-Maillot, où il séjournait à chaque fois avec les autres membres du Conseil d’Administration qui étaient sénégalais, français, indiens, etc.

J’aimais particulièrement le visiter, dévaliser le frigo-bar de sa suite, dîner avec lui gratuitement, comme j’aimais à le dire —free dinner. L’étudiante que j’étais repartait toujours de l’hôtel avec des étrennes généreuses des « tontons » collègues de mon père, dont le PDG M. Alassane Diallo. Je garde de M. Diallo un souvenir tout particulier. Un soir, il avait pris le temps de rester avec moi sur le hall pour me prodiguer des conseils de vie et m’encourager dans mes études. Nous étions en 2009. J’étais venue pour dîner avec mon père au restaurant La maison de Charly qui se trouvait à proximité. Ce fut la dernière fois que je me rendais au Méridien Étoile, car mon père quitta la Direction peu de temps après.

 

En 2009, j’ai créé sur Facebook le groupe « Anciens de la communauté de Mbaye-Mbaye », pour maintenir le lien. J’avais été agréablement surprise de voir d’anciens résidents ayant vécu dans les années 1970 à la cité ICS, des Français, sénégalais, ouest-africains, y partager photos, souvenirs et anecdotes. 

 

Aujourd’hui, le sentiment d’appartenir à une communauté, disséminée à travers le monde est toujours vivace.

Ce feu qui brûle, brûle… 

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Il y avait d’abord comme une urgence à sortir de mon silence sur la dégradation environnementale et l’impact négatif des ICS à Mboro. J’ai toujours eu, depuis l’enfance, une sensibilité à l’environnement, rendue accrue et consciente après la COP21 et les accords de Paris en 2015. Je désirais également contribuer au développement humain et économique de la petite ville où j’ai grandi. J’étais appelée à agir, mais je fus ralentie par un premier sentiment inconfortable : celui de “trahir” les ICS, mon père, ma mère, qui ont été au cœur du système.

Puis arriva un autre questionnement : même si j’ai été témoin de ce que la majorité des mborois continuent de vivre aujourd’hui, je n’ai pas vécu la même chose. J’étais socialement privilégiée dans la bulle qu’était Mbaye-Mbaye, et j’ai été, en quelque sorte, du côté de la Direction. À Mboro, on utilisait l’expression « Ça c’est la fille du Directeur » pour me désigner. J’ai habité dans la Cité Mbaye-Mbaye avec sa piscine, son école primaire privée, ses terrains de tennis et de basket, son supermarché avec ses produits occidentaux, sa végétation quotidiennement entretenue par des jardiniers, son air sain. Je n’ai pas connu la pauvreté, j’ai plutôt vécu dans l’abondance. Je n’ai pas connu les coupures d’électricité, celles-ci étaient rares car nous étions directement alimentés par les centrales électriques des ICS. Lorsqu’il y avait de rares coupures d’eau, des camions-citernes remplis d’eau étaient prestement envoyés dans la Cité par la Direction pour alimenter les maisons. 

Les posts Facebook et les différentes interventions de mborois sur la pollution et la dégradation environnementale, les coupures d’eau et d’électricité, les accidents mortels et les déversements de soufre des camions des ICS sur la voie publique me plongeaient dans un grand trouble. 

 

En décembre 2017 je participais au One Planet Summit, et cela eut l’effet d’un détonateur intérieur. Voir les leaders du monde et de grands activistes discuter sur la menace climatique qu’encourait la planète, et des courts-métrages montrant des sinistrés environnementaux dans les zones climatiquement fragiles m’a profondément remuée. Mes interactions avec le ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement de l’époque, et maire de la ville de Saint-Louis, M. Mansour Faye, et un maire d’une ville ivoirienne ont été édifiantes. Je les avais interpelés durant leur panel pour leur demander ce qu’ils faisaient pour sensibiliser leurs populations à la conscience environnementale au niveau personnel. Leurs réponses furent correctes, mais ma propre question a généré en moi plusieurs autres questions sur la responsabilité et la notion de “faire sa part”.

Et les miens ?

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Mon tiraillement s’accentua lorsque j’ai intégré en 2018 la Direction de l’Environnement de l’OCDE. Je travaillais sur le changement climatique et les indicateurs de bien-être. Après 7 années d’expérience en actuariat et dans la gestion des risques en protection sociale, j’avais décidé d’orienter ma carrière vers les politiques publiques, le développement durable et la coopération internationale. Je portais une vocation pour le Service et le bien commun. Pour la petite histoire, après une présélection et un test écrit, ma première candidature à l’OCDE avait été rejetée en 2014 car je n’avais pas une formation en politiques publiques. Armée d’une détermination sans failles, je décidais en 2017, durant un congé maternité, de quitter mon job pour faire un master à Sciences Po Paris. J’ai partagé les bancs de jeunes étudiants durant une année intense à la rue Saint-Guillaume.

Objectif atteint: je repostule, passe des tests, et me voici à l’OCDE, travaillant sur le changement climatique.

Je me taisais sur ce qui se passait à Mboro, et dans le même temps je participais à des marches contre le changement climatique à Paris. Un curieux paradoxe.

 

Je me sentais écartelée. Puis des souvenirs me revenaient. J’ai partagé le même quotidien que tous les lycéens de Mboro, dans notre lycée qui manquait tellement d’infrastructures de base : souvent sans eau, souvent sans électricité, des salles de classe sans matériels. Je me retenais d’aller aux toilettes du lycée de 8 h à 12 h, et de 14 h à 18 h car elles n’étaient pas vraiment fonctionnelles.  Heureusement, la cité des professeurs était à côté et j’avais beaucoup d’amis qui y habitaient.

Deuxièmement, avoir grandi dans l’abondance ne devrait pas constituer une gêne. Cela devrait plutôt être une source d’inspiration, je pense que l’abondance est un droit humain. Mes parents m'ont mise dans d'excellentes conditions de vie, me permettant de me réaliser sur beaucoup de plans, et je leur en suis reconnaissante.

Ma vocation: le Service et la transmission

En 2021, je décidais de répondre à l’appel de mon âme. Ma sensibilité environnementale n’était pas sélective. Mboro est mon royaume d’enfance.

Mon corps m’envoyait des signaux, je ne pouvais rester là sans rien faire.

Enceinte de mon troisième enfant et m’ennuyant un peu durant ma pause maternité, je suis passée à l’action. Mes grossesses sont souvent, des moments de création: j'avais écrit mon premier roman Le silence du totem en étant enceinte également.

Riche de mes différentes expertises, je décidais de transmettre mes connaissances pour l’amélioration de la situation à Mboro. L’étude La Vie et le Temps naquit. La phase de consultation publique fut lancée sur les réseaux sociaux avec l’aide de tous mes amis mborois. Le projet a été très bien accueilli par le maire de Mboro et son équipe, les ICS, les activistes et environnementalistes qui œuvrent avec amour et abnégation pour Mboro, et toute la population. Sans oublier mes parents qui m'ont rapidement soutenue.

Quid alors du sujet de la restitution des œuvres d’art au lycée de Mboro ? J’y reviens dans la rubrique dédiée à l’Exposition artistique d’un nouveau genre. 

Avec le temps, mon sentiment de culpabilité a complètement disparu: je connais Mboro, et Mboro me connaît. Ce projet et toutes les personnes que je rencontre m’apportent énormément. 

Je suis retournée durant l’été 2023 dans mon lycée pour le premier événement du projet Une Proposition nommée Désir. Des camarades de lycée sont venus de Dakar pour me voir. J’ai revu Ndiaga, Anthia, Malick, Babacar, Bara, Myriam, Marame. J’ai revu M. Niang qui contribue au projet, M. Ndiaye PC, M. Top, M. Fall SVT, M. Sall. Ma professeur de latin, Magistra Diallo, a également fait le déplacement. Mon ami Malick Diarra de la cellule Francophonie du Pen Club français est spécialement venu passer la journée au lycée.

J'ai été logée par les ICS à la Cité Mbaye-Mbaye. C'était si émouvant de revenir dans le royaume d’enfance, qui a énormément changé. J’y consacrerai un article.

Prises de conscience successives. Prendre le temps de respirer, et de voir. Transmission spirituelle.

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Parfaitement guidée par l’Univers, la Proposition nommée Désir a été, au niveau personnel, le catalyseur d’un profond examen de conscience. Et j’ai moi-même, en parallèle, évolué spirituellement, grandi, eu des prises de conscience. Je suis devenue nouvelle, et je vois la vie sous un angle nouveau.

Je n’ai pas oublié ce que ma famille m’a toujours inculqué: adopter et garder de hauts standards, et ce dans tous les domaines. Et conserver mon intégrité. Cela stipule de faire et dire ce qui est juste, contribuer, être utile.

La Proposition nommée Désir est plus qu’un projet orienté développement, environnement, urbanisme, politiques publiques et culture : ma mission est aussi de transmettre des connaissances acquises le long de mon cheminement spirituel.

Durant mes interactions avec mes amis vivant à Mboro et avec la population, mes entretiens avec la cellule Développement Durable des ICS, et au cours de l’analyse des données de l’étude La Vie et le Temps, il m’est apparu qu’au-dessus de Mboro plane un spectre compliqué associant amour pour la ville, nécessité de réparer la dégradation environnementale et l’injustice, ressentiment historique envers les ICS, et un sentiment d’impuissance

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